12 avril 2024

Les premiers secours (Ref. Oeuvre du Marin Breton)

Conseils de mise en oeuvre des gestes de premiers secours

1 - Prévenir les secours en mer

Station radio-côtière / Cross-MRCC (phonie uniquement)

VHF
Appel Sélectif Numérique : Canal 16
PAN PAN – Médical : Canal 16
MF – Hectométrique
Appel Sélectif Numérique : 2187.5 Khz
PAN PAN – Médical : 2182 KHz
Demander une consultation télémédicale avec le CCMM (Conférence à 3) : +33 5 34 39 33 33
Station radio-côtière / Cross-MRCC (phonie uniquement)

Phonie
Demander une consultation télémédicale avec le CCMM : +33 5 34 39 33 33
Transmission data
Email
Immarsat A

Sélectionner la station (LES) France Telecom (Pleumeur-Bodou) : 17 (15 en n°décimale)
Suivi de :
Téléphone ou Télex : 32 ou 38 (gratuit)
Télécopie : +33 5 61 77 24 11
Inmarsat B – M ou Phone (Mini M)

Sélectionner la station (LES) France Telecom (Aussaguel) : 011
Suivi de :
Téléphone (pour B – M ou Mini M) : 32 ou 38 (gratuit)
Télex (uniquement pour B) : 32 ou 38 (gratuit)
Télécopie (pour B – M ou Mini M) : +33 5 61 77 24 11
Inmarsat C (Télex)

Sélectionner la station (LES) France Telecom (Aussaguel)
– Satellite AOR W : 021
– Satellite AOR E : 121
– Satellite POR : 221
– Satellite IOR : 321
Suivi de : 32 ou 38 (gratuit)
Télétransmission de données

Images numériques : ccmm@chu-toulouse.fr
ECG Survcard : ccmm.ecg@chu-toulouse.fr
GSM

Téléphone CCMM : +33 5 34 39 33 33
Téléphone CROSS : 112
Demander une téléconsultation (conférence à 3) avec le CCMM
Images par MMS : +33 6 21 28 31 15
Contact pour les renseignements non urgents

Tél : +33 5 67 69 16 78 (Secrétariat)
E-mail : ccmm@chu-toulouse.fr
Fax : +33 5 67 69 16 54 (Secrétariat) pujos.m@chu-toulouse.fr
CCMM – Pavillon L. Lareng – Hôpital Purpan -TSA 40031 – 31059 Toulouse Cedex 09
ccmm.secretariat@chu-toulouse.fr

2 - Que faire en cas de problème médical survenant à bord ?

Évaluer le niveau d’urgence en pratiquant un bilan des fonctions vitales

Le patient est-il conscient, est ce qu’il parle ?
Le patient respire-t-il ?
Le patient est il normalement coloré ?
Si la réponse à l’une de ces questions n’est pas normale, il s’agit d’une situation d’urgence.

En cas d’urgence, contactez immédiatement les secours en appelant le CROSS qui vous mettra en relation avec le Médecin du Centre de Consultations Médicales Maritimes. Celui-ci vous conseillera dans la réalisation des gestes de premier secours et organisera les secours en collaboration avec le CROSS.
En l’absence d’urgence, prenez le temps de poser des questions au patient avant d’appeler les secours.
Le patient est-il blessé ou est-il malade ?
S’il est blessé, quel est le siége de ses blessures ?
S’il est malade, de quel symptôme souffre-t-il ?
Plus un symptôme s’installe brusquement et/ou plus il est intense, plus il est nécessaire d’avoir un avis médical rapide. Si vous pensez avoir besoin d’un avis médical, contactez le CROSS (VHF 16 ou 1616 par téléphone portable – Voir ci-dessus chap. 1) qui vous mettra en relation avec le Médecin du Centre de Consultations Médicales Maritimes ou directement celui-ci si vous en avez la possibilité.
Avant de partir en mer

Ne partez pas sans moyens de communication.
Connaissez les modalités d’appel du CROSS, du Centre de Consultations Médicales Maritimes
Ne partez pas sans une trousse de premier secours.
Apprenez les gestes de premier secours.
Constituez-vous, avec l’aide de votre médecin et/ou du Centre de Consultations Médicales Maritimes, une pharmacie de bord.

3 - Conseils pour constituer la pharmacie de bord des navires de plaisance


Docteur Jean-Marc Le Gac (médecin urgentiste), membre de Med-Mer ; Docteur Pierre Canévet (médecin généraliste et coureur au large), membre de Med-Mer ; Collaboration du CCMM.

Pour constituer votre pharmacie de bord, vous pouvez vous aider :

De la réglementation en cours ;
Des conseils prodigués par des professionnels reconnus usant des guides de bonne pratique médicale ;
De l’analyse du type de navigation que vous allez faire (distance de la côte, lieu géographique) ;
Des connaissances en soins de vos équipiers.


Une recherche actualisée effectuée sur l’ensemble des trois critères nous permet de prodiguer les quelques grands principes qui suivent.

Mieux vaut prévenir un accident ou une maladie que de la guérir.
La bonne préparation d’une croisière passe ainsi par le check-up médical des équipiers.
Instruire les équipiers des procédures médicales d’urgence et de la composition de la pharmacie sont des éléments de prévention.
Les règles de l’Organisation maritime internationale (OMI) imposent aux navires d’avoir une dotation de bord. L’OMS a publié un guide international pour les soins à bord et prodigue des conseils en la matière(1).

Le Conseil supérieur de la navigation en France a élaboré des articles spécifiques pour la constitution des dotations à bord à bord des navires de plaisance(2).

La responsabilité du chef de bord reste pleine et entière en la matière et pour la plaisance traditionnelle, la dotation D240 réglementaire (tableau 1) nécessite d’être complétée pour la croisière hauturière.

Les médecins du Centre de consultation médicale maritime (CCMM) (3), sont impliqués dans la prise en charge de toute personne ayant un problème médical en mer. D’autres médecins conseillent les skippers transocéaniques ou encadrent les courses(4-5-6-7) en France ou dans les pays où la navigation de plaisance est répandue. Ils ont ainsi élaboré des dotations médicales en fonction du type de navigation pratiquée et de l’éloignement du navire par rapport à la côte. Une synthèse de ces dotations est proposée dans le tableau 2.

Le choix de ces produits repose sur des principes pragmatiques.
Tout d’abord ne pas nuire, en choisissant des médicaments dont le bénéfice est supérieur au risque d’utilisation et qui doivent pouvoir traiter ce qui survient le plus fréquemment en navigation de plaisance(8-9).
Quelques principes de bon sens sont à observer :

Utiliser un médicament n’est jamais anodin. La majeure partie des médicaments présents dans ces dotations nécessitent un avis médical avant de les utiliser (notés « avis » dans le tableau 2) ;
Connaître les traitements et maladies de vos équipiers s’ils en sont d’accord et s’ils présentent des risques particuliers ; une bonne solution peut consister à demander à chacun des participants de fournir un dossier médical sous enveloppe que le responsable des soins ouvrira si nécessaire ;
Affecter à l’équipier(e) qui le désire ou qui a le plus de connaissance dans ce domaine le rôle de responsable des soins et de la pharmacie (au moins un membre de l’équipage avec des compétences de secouriste niveau PSC1) ;
Etablir les quantités de médicaments selon la durée de la croisière et le nombre d’équipiers avec le médecin qui vous fera l’ordonnance ;
Bien définir avec l’équipage la (les) localisation(s) de la pharmacie à bord (endroit accessible propre et sec…) ;
Vérifier les péremptions avant le départ ;
Avoir une connaissance des problèmes médicaux spécifiques à l’environnement aquatique fréquenté (hypothermie, hyperthermie, mal de mer, infections, animaux dangereux, maladies tropicales…)
Connaître les numéros d’urgence médicale, avoir expliqué la procédure à tous les équipiers et avoir des moyens de communication adaptés.
• L’environnement marin en plaisance est souvent humide et enclin à des variations de température.
• Les produits doivent être rangés en tenant compte. Ils peuvent être enlevés de leurs boites d’origine en notant les dates de péremption et en gardant leur notice. Ils sont alors rangés dans des boites étanches ou des sacs type Ziploc.
• Un sac ou une boite spécifique contiendra de quoi faire face aux petites urgences, aux maux usuels comme la douleur ou le mal de mer, aux traumatismes bénins. Il est près de la descente du bateau ou de la table à carte.
• Les autres produits qui servent de façon plus exceptionnelle sont dans un autre contenant qui servira de réserve (bidon étanche éventuel).
• Les produits sont classés selon les maladies qu’ils soignent ou par type de médicaments.
Des codes de couleur peuvent être utiles en moyen mémo technique : Rouge = Plaie, Bleu = Coups et traumatismes … (voir les couleurs et classement indicatifs proposés dans le tableau 2). Des boîtes alimentaires de couleur existent dans le commerce, ou vous pouvez coller des gommettes de couleurs sur les produits.
• D’autres classements sont possibles (les médicaments qui nécessitent un avis médical, les produits qui sont dopants ou pas, etc.).
• Le responsable des soins à bord aura la charge de réalimenter au fur et à mesure des utilisations la pharmacie des petites urgences depuis le stock gardé en réserve.
• L’ensemble du listing  des produits est imprimé, protégé de l’humidité et mis à disposition dans la pharmacie et près des moyens de communication du bateau mais aussi sur l’ordinateur de bord (ce qui en permet l’envoi si nécessaire à un correspondant). La traduction des propriétés des produits en anglais est utile si l’on navigue à l’étranger.
• Les médicaments génériques seront préférés pour leurs coûts moindres. Les comprimés orodispersibles ou lyoc sont pratiques en mer.
• Un plus fort dosage en comprimés peut être coupé en deux pour une dose plus faible (équipage mixte enfants/ adulte).
• Certains antibiotiques ont des durées de vie courte, demandez à votre pharmacien des produits avec les dates de péremption les plus tardives.
• Si des équipiers ont des allergies connues à certains produits comme les antibiotiques, il peut être utile d’avoir dans la pharmacie de bord celui qui est adapté.
• Les dotations préconisent des médicaments d’urgences tels que la trinitrine, l’épinéphrine, l’acide actylsalicylique, des corticoïdes … Votre médecin habituel devra vous conseiller sur l’intérêt de ces produits, selon le type de croisière et le nombre d’équipiers à bord.
• Un traitement anti «mal de mer» à bord n’est pas obligatoire, c’est une affaire d’école et de conviction personnelle(1). Ces médicaments ont des effets secondaires qui ne sont pas anodins et les avoir testé avant peut être utile.
• L’achat de produits pharmaceutiques non commercialisés en France sur Internet peut être dangereux. Les moyens non médicaux pour prévenir le mal de mer sont à notre sens préférable.
• Une couverture isotherme est utile. Un blessé ou un malade n’a pas les mêmes capacités pour lutter contre le froid ou le chaud.

La liste du tableau 2 est assez exhaustive et le mieux est d’en parler avec un professionnel de santé médecin ou pharmacien.

Si vous allez en zones tropicales, d’autres produits et des vaccinations seront recommandées(2). Dans ce cas, contactez le service des Maladies tropicales et des Vaccinations le plus proche de chez vous.

Organiser tous ces produits dans leur contenant est long et un peu fastidieux. Prévoyez au moins deux demi-journées…
Cette pharmacie peut vous servir également à terre. Emmenez-la avec vous et comme cela vous la connaîtrez mieux.
Une dotation = une formation

Avoir une dotation est une chose, savoir s’en servir est mieux.
Des formations de secourisme ou médicales sont dispensées un peu partout lors des stages ISAF obligatoires pour les courses au large, tout marin prévoyant peut suivre ces formations et leur contenu médical.

4 - Les secours aux noyés

La victime est inconsciente

1 – Est-ce que la victime respire ?
• La victime respire bien : La mettre sur le côté (en PLS, position latérale de sécurité) et la surveiller…
• La victime respire mal : Libérer les voies aériennes…

2 – Si la respiration reprend : la mettre sur le côté et la surveiller
Si la respiration ne reprend pas : alerter les secours et passer au bouche à bouche et aux compressions thoraciques.

3 – Alerter, déshabiller, mettre au sec… Le noyé est souvent en hypothermie
Pour laisser passer l’air, dégager impérativement les voies respiratoires en basculant doucement la tête en arrière.
Tout noyé qui vomit ou expectore de l’eau, de la mousse, doit être immédiatement mis sur le côté.

Rappel : En VHF, le canal 16 – fréquence 156,80 MHz est la fréquence d’appel général et de sécurité. Si absence de VHF, utiliser le 1616 sur téléphone portable.
La conduite à tenir

1 – Libération des voies aériennes  :
• 1a) Desserrer col, cravate, ceinture, bouton. Basculer prudemment la tête de la victime en arrière.
Le sauveteur, d’une main posée sur le front de la victime, appuie vers le bas. Avec l’index et le majeur de l’autre main, posés sous le menton, il tire vers le haut.

• 1b) Retirer les corps étrangers visibles.
Avec un ou deux doigts en crochet, dégager la bouche des débris et liquides pouvant s’y trouver (dentiers déplacés, sable, algues, etc.).

2 – Ventilation bouche à bouche :
• 2a) Le sauveteur s’agenouille à côté de la victime, près de son visage :
• avec une main placée sur le front, la tête est maintenue basculée prudemment en arrière,
• avec l’autre, il maintient le menton en le tirant en avant vers le haut (ne jamais appuyer vers le bas).
• Il pince le nez entre le pouce et l’index de la main appuyée sur le front.
• Il plaque la bouche, largement ouverte, sur la bouche du noyé, les lèvres du sauveteur entourant les lèvres de la victime.
• Il souffle tranquillement en surveillant que la poitrine et le ventre se soulèvent. Faire 5 insufflations «starter»…
• 2b) puis….massage cardiaque.
Nota : si l’on ne peut pas souffler dans la bouche, on peut souffler dans le nez en fermant la bouche.


 … Compressions thoraciques : 30
• Placer le talon d’une main au centre de la poitrine, jamais sur les côtes.
• Superposer une main sur l’autre en entrecroisant les doigts des deux mains.
• Réaliser des compressions sternales (4 à 5 cm) en restant bien vertical.
• Bien relâcher la pression entre chaque compression pour que le cœur se remplisse bien de sang.
• Effectuer les compressions à un rythme d’environ 100/minute. (Compter en disant : un…et deux…et trois…et quatre…).
Après les 30 premières compressions, poursuivre avec des cycles de : 2 insufflations, 30 compressions.
• Ne pas s’arrêter ;
• Se relayer jusqu’à ce que les secours (équipés d’un défibrillateur) prennent le relais.
• Si les conditions ne permettent pas d’effectuer ce massage cardiaque, poursuivre lentement les insufflations (10 à 12 par minute).

Un bon VFI préserve la VIE en maintenant les voies aériennes libres !


Sources : Almanach du Marin Breton (mise à jour SNSM).

5 - Attention, hypothermie !

Manche, Atlantique et même Méditerranée des eaux souvent inférieures à 15 °C. Si on nage dans une eau à 15 °C, en 15 minutes, l’hypothermie est là. L’hypothermie menace. On estime que, pour 20 % des naufragés recueillis en mer froide, il y a risque vital pendant ou après le recueil.

En mer, porter un VFI adapté à ses activités (cf. page Homme à la mer – MOB).
• Le VFI (vêtement à flottabilité intégrée) maintient la tête et le cou hors de l’eau et permet la survie.
• Par temps froid, porter un bonnet, car on perd environ la moitié de sa chaleur par la tête et le cou.
• Mettre trois couches de vêtements : synthétique sur la peau qui absorbe la sueur, laine qui reste chaude même mouillée, vêtement imperméable. Si on tombe à l’eau, ne pas les enlever : ces 3 couches de vêtements et ces trois couches d’eau vous protègeront du froid.

Dans l’eau, ne pas nager pour se réchauffer !
Il y aura une perte d’énergie qui vous épuisera et l’eau va se brasser au contact de la peau : c’est le phénomène qui fait perdre le plus de chaleur. On peut nager si on a une combinaison de plongée, de survie ou pour trois raisons : pour rejoindre un autre naufragé ou un moyen de flottaison, ou pour fuir un danger (bateau en feu, nappe de carburant, remous d’un navire qui sombre).

N’abandonner son bateau qu’en dernier recours.
Toute épave est bien venue : elle permettra éventuellement de sortir le maximum de son corps de l’eau (l’eau conduit le froid 25 fois plus vite que l’air sec à température égale). S’amarrer si on le peut, avant que le corps ne s’épuise.
 
À défaut se mettre « en boule », dans la position de fœtus pour abriter les zones de déperdition majeure (aisselles, aines, flancs, creux poplités).
À plusieurs adopter la position « en grappe » : pour être vus et se soutenir mutuellement ; s’amarrer les uns aux autres. Se mettre dos aux vagues, se protéger les yeux, le visage…
Garder le moral !
Se souvenir de ceux qui ont résisté à des conditions extrêmes ; savoir que le froid installé brutalement protège le cerveau et que des survies exceptionnelles sont régulièrement rapportées. Tout faire pour ne pas se laisser endormir par « la mort froide ».

Recueil d’un naufragé en eau froide

L’hypothermie installée sera reconnue à 4 signes :
• Les gros frissons musculaires ;
• La perte de la dextérité manuelle ;
• Les troubles du comportement (repli sur soi, opposition…) ;
• La sensation de marbre froid ressentie lorsque l’on place son poing dans le creux de l’aisselle du naufragé.

Les stades de l’hypothermie

• La victime frissonne : hypothermie légère (T > 34 °C).
• La victime ne frissonne plus, mais peut bouger ses membres : hypothermie modérée (30 à 34 °C). Prudence ++ dans l’action !
• La victime est totalement immobile : hypothermie sévère (T < 30 °C) : danger extrême! Alerter les secours !

Les signes d’alerte
La température interne normale du corps est de 37 °C.
Dans le cadre d’une navigation en équipage et ar mauvais temps, à partir de quels signes pouvons-nous repérer la gravité de l’hypothermie sur nous-même ou sur un équipier ?
Les quatre stades suivants, proposés par la Fédération Française de Voile, mettent l’accent sur des signes aisément repérables. Notamment, ceux qui concernent le comportement. « Maladresse, perte de dextérité, confusion, perte de notion du temps et de la capacité de raisonnement. »
Savoir reconnaître de tels signes se révèle essentiel pour un chef de bord ou un équipier. Cela permet d’avoir une attitude adaptée.

36 – 30 °C, stade bénin : frissons, mains et pieds froids. Engourdissement des membres, maladresse, perte de dextérité.
34 – 32 °C, stade modéré : grands frissons musculaires. Confusion, perte de la notion du temps et de la capacité de raisonnement.
32 – 28 °C, stade sévère : les frissons diminuent ou cesse. Davantage de perte de raisonnement et de mémoire, confusion, comportement anormal. La victime semble ivre ; très maladroite, elle bredouille, nie le problème et peut refuser de l’aide. Incapable de s’aider elle-même, elle est dans un état semi-conscient à inconscient. Rigidité musculaire croissante.
28 °C et moins, stade critique : la victime inconsciente peut sembler décédée. Respiration inexistante ou peu appparente. Pouls ralenti faible ou pas de pouls décelé. Peau froide, pouvant être colorée de gris, rigidité importante.
Hypothermie, que faire ?

• Recueillir si possible à l’horizontale, et surtout, allonger la victime quelque soit son état (tête en bas vers la poupe). La position debout est nocive pour le cœur et favorise des échanges de sang froid (« écorce » : peau, extrémités) et de sang chaud (« noyau » : tissus profonds, cœur, gros vaisseaux, cerveau…), des troubles du rythme cardiaque et un désamorçage de la pompe peuvent survenir.
• Dans le même esprit, ne pas frictionner (surtout les membres), ne pas inciter à faire des mouvements, ne pas donner d’alcool qui donne une fausse sensation de réchauffement mais fait affluer le sang chaud du noyau vers l’écorce froide.
• Être peu interventionniste, surtout si les secours peuvent être sur zone dans l’heure : pas de réchauffement artificiel brutal, pas de bain ou de douche chaude.
• Dans un local chauffé, à l’abri du vent, déshabiller avec douceur, ne pas hésiter à couper les vêtements avec des ciseaux pour éviter les manipulations. Sécher sans frotter, isoler d’un support froid, envelopper le corps en sandwich dessous et dessus (3 couches : chamoisine, couverture de survie ou grand sac poubelle, couverture de laine). Bien envelopper la tête et le cou (bonnet + couverture de survie).
• Si le naufragé peut boire seul, lui donner des boissons tièdes et sucrées.
• Les naufragés en état d’hypothermie (T <  34 °C) sont « fragiles comme de la porcelaine » : les mobiliser le plus doucement possible… un choc brutal peut être fatal.
• Ne pas se fier aux états de mort apparente (peau blanche et froide, pouls et respiration imperceptibles, inconscience) et mettre en œuvre les conseils ci-dessus.
• Accompagner la victime et surveiller la conscience, la respiration, le pouls.
• Bien sûr… parler, réconforter ; expliquer ce que l’on fait, ce qui va se passer, ce qui s’est passé avant…

La leçon des kayakistes

Les vêtements ne réchauffent pas le corps. Le corps est chauffé par la chaleur qu’il produit. Le coton
ne vous aidera pas à conserver cette chaleur, par contre laine et matériaux synthétiques, plus isolants, le feront.
Trés autonomes et exposés aux risques de l’hypothermie, les adeptes du kayak de mer s’équipent de « Trois couches ».

La couche à même la peau allie une bonne évacuation de la transpiration et un séchagerapide.
La deuxième couche joue un rôle d’isolation thermique. Elle emmagasine la chaleur du corps, tout en évacuant la transpiration. Cette couche peut être, plus ou moins épaisse, en fonction de la température extérieure.
La troisième couche est imperméable, si possible « respirante » et plus ou moins épaisse, en fonction des conditions de vent et de température : c’est l’anorak, équipé d’une capuche. La « combinaison sèche », peut remplacer cette troisième couche. En cas de dessalage, le corps n’est pas mouillé, le refroidissement ralenti. Par grands froids, les kayakistes ajoutent bonnet ou cagoule.
Docteur Michel Réguer, médecin Sauveteurs en Mer (SNSM).